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Entrepreneuriat : le fonds « Tontine des quartiers » en un clin d’oeil

A l’initiative de partenaires privés et de l’ESS, ce fonds vise à financer et accompagner les porteurs de projets venus des quartiers en butte aux discriminations.

« Les jus de Mama, c’est bon pour le corps, bon pour la planète aussi ! » La voix est claire, le propos engageant : Flavio Costa Barbosa entame son pitch… Comme sept autres porteurs et porteuses de projet, ce créateur d’entreprise de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) à dix minutes. Dix minutes pour convaincre un jury de quatre professionnels réunis dans les locaux de l’entreprise PwC, à Paris, en ce mardi matin. Inspirée d’un mode de financement ancestral, la « Tontine des quartiers » ouvre sa première promotion. Retour sur les principaux aspects de ce programm

Pourquoi ? Au démarrage, un constat : « l’accès à l’entrepreneuriat c’est un moyen d’émancipation au même titre que l’accès à l’emploi », note Saïd Hammouche, président fondation de la Fondation Mozaïk. Or, les obstacles sont souvent plus nombreux à surmonter quand un porteur de projet est issu d’un quartier relevant de la politique de la ville. Accès restrictif au financement, défaut d’accompagnement, etc : « c’est encore plus difficile pour les femmes… », souligne Hawa Dramé, fondatrice de Time2start : 29% de femmes créatrices d’entreprises dans les quartiers, 31% ailleurs selon une récente étude de la BPI.

Comment ? D’où la création du fond SENS et de la « Tontine des quartiers ». Un coup d’accélérateur : grâce à un prêt à taux zéro et sans garantie pour un ticket de moyen de 10 000 euros, les lauréats ont la possibilité de faire passer leur projet à une vitesse supérieure. C’est aussi l’octroi d’un label et l’accès à un accompagnement pour aller décrocherd’autres financements. « Ce fonds va permettre d’identifier et de soutenir les entrepreneurs qui ont des projets à impact écologique et social fort », assure Antoine Sire, responsable de l’engagement d’entreprise chez BNP Paribas.

Quelles cibles ? Les entrepreneurs au démarrage de leur projet. Principalement ceux issus des QPV, des zones franches urbaines mais aussi des zones rurales. Avec un focus tout particulier porté sur les femmes.

Avec qui ? Le fonds repose sur un partenariat entre acteurs privés etacteurs de l’économie sociale et solidaire. Outre la Fondation Mozaïk, la Ruche et Quartiers d’affaires qui mettent leur expérience à contribution, on trouve des membres de l’écosystème entrepreneurial (Time2Start, les Déterminés, Adive, My Créo Académy, Femmes des territoires, Positive Planet et Entrepreneurs dans la ville) et des soutiens : BNP Paribas, SFR, AstraZeneca, Sanofi, PwC et des entrepreneurs indépendants.

Quels objectifs ? A dix ans, financer au moins 4 000 créateurs d’entreprise dont 50% de femmes en mobilisant plus de 50 entreprises et particuliers pour financer le programme. A noter que la « Tontine des quartiers » sera au cœur du prochain Sommet de l’inclusion économique organisé mardi 29 novembre prochain à Bercy.

Ensemble, allons plus loin pour l’entrepreneuriat !

Si vous souhaitez en savoir plus sur le fonds et le rejoindre : Nicolas Macabéo (nicolas.macabeo@fondation-mozaik.org)

« Accompagner et surmonter les blocages »

Louisa Renoux, Associée consulting finance, PwC France et Maghreb

« L’objectif de ce fonds, c’est de faire en sorte que l’accès à la création d’entreprise soit possible quand on est issu d’un quartier urbain ou d’une zone rurale. On le sait : avoir accès au financement c’est plus compliqué et encore plus compliqué quand on est une femme… Cela nécessite donc un effort. Les freins existent. Certains interdits liés à l’éducation ou aux filières de formation demeurent. Il y a donc nécessité aussi d’accompagner afin de surmonter des blocages. Au moins, 50% des bénéficiaires de ce fonds seront donc des femmes. 

Brouillon
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« La caution bancaire est un frein… »

Fanny Fanou, fondatrice de Geominnov

« On a beau avoir l’habitude, c’est toujours un moment stressant… ». A la sortie de son pitch devant le jury de la « Tontine des quartiers », Fanny Fanou pousse un ouf soulagement : accompagnée en amont par les équipes de la Fondation et de PwC, l’« audition » de la fondatrice de Geominnov s’est bien passée. « Nous avons besoin de ce coup de pouce, glisse cette entrepreneuse installée près de Versailles (Yvelines). On a beau demander aux banques, la caution bancaire est toujours un frein… ». Et pourtant, la nouvelle application de Geominnov a de l’avenir : elle vise à donner à tous les propriétaires de biens des astuces pour réduire leur consommation énergétique et initier des actions de réhabilitation. « J’aime la création d’entreprise parce que je réponds à un besoin », assure Fanny en quête, prolonge t-elle, d’« un encouragement » : « si on obtient cette aide, ça serait top car on pourrait ensuite aller chercher d’autres financements ».
Et ainsi, grandir…